L’infertilité saisonnière est un problème courant auquel sont confrontés les élevages porcins, affectant la productivité et la rentabilité. Ce phénomène se produit généralement pendant les mois les plus chauds et peut entraîner une baisse de fertilité, une réduction de la taille des portées, et une augmentation des retours en chaleur. Dans cet article, nous explorerons les causes de l’infertilité saisonnière chez les truies, son impact sur les performances, et nous aborderons les stratégies possibles pour la limiter.
1) Qu’est-ce que l’infertilité saisonnière ?
L’infertilité saisonnière de la truie est un problème de reproduction caractérisé par une diminution de la fertilité à des moments spécifiques de l’année, souvent à la fin de l’été et au début de l’automne. Ce phénomène est largement attribué à des facteurs environnementaux notamment les températures élevées (à l’origine de stress thermique) et les changements de durée d’éclairement, qui peuvent tous affecter négativement la physiologie reproductive des truies.
Les principaux signes cliniques de l’infertilité saisonnière comprennent des chaleurs tardives, des taux de réussite à l’IA plus faibles, et une incidence plus élevée de mortalité embryonnaire (retours en chaleurs décalés). Ces symptômes s’expliquent par des perturbations de l’équilibre hormonal nécessaire aux cycles œstraux normaux et à l’ovulation, entraînant des retours en chaleur irrégulier ou des mauvaises ovulations. De plus, les truies souffrant de stress thermique présentent souvent une diminution de la consommation alimentaire, ce qui peut compromettre davantage leur condition corporelle et leurs performances globales.
2) Causes et facteurs favorisants
Plusieurs facteurs contribuent à l’infertilité saisonnière chez les truies, et les comprendre peut aider à formuler des stratégies pour minimiser son impact :
• Stress thermique: Les températures élevées et l’humidité sont des facteurs de stress importants chez les truies. Lorsque la température ambiante dépasse la zone de confort thermique de 18-22°C pour les truies, leur corps lutte pour réguler la température, entraînant un stress physiologique. Pour plus de détail sur le stress thermique.
• Changements de photopériode : La durée d’éclairement affecte le cycle reproductif de nombreux animaux, y compris les truies. Les changements de photopériode peuvent altérer la sécrétion de mélatonine, une hormone qui joue un rôle dans la régulation des hormones reproductives. À la fin de l’été et au début de l’automne, la réduction de la lumière du jour peut déclencher des changements dans les schémas hormonaux, contribuant aux problèmes d’infertilité.
• Déficiences nutritionnelles : Pendant les périodes de forte chaleur, les truies ont tendance à manger moins, ce qui entraîne une baisse de leur statut nutritionnel global. Une mauvaise nutrition peut entraîner des scores de condition corporelle inférieurs et des réserves énergétiques insuffisantes, essentielles pour maintenir des cycles œstraux réguliers et soutenir la gestation. Une carence en nutriments clés, en particulier en vitamines (plus spécifiquement les vitamines A, D et E) et minéraux (Sélénium et Zinc) qui soutiennent la santé reproductive, peut aggraver les problèmes de fertilité.
• Pratiques de gestion : Certaines pratiques de gestion, telles que l’absence de système pour refroidir l’ambiance ou un système insuffisant, la surdensité en verraterie/gestante et l’accès limité à l’eau fraîche, peuvent exacerber les effets du stress thermique. La surveillance de la condition corporelle des truies et de leurs performances reproductives pendant les périodes critiques peuvent être accrues pour intervenir plus rapidement.
3) Stratégies pour gérer et atténuer l’infertilité saisonnière
La gestion de l’infertilité saisonnière nécessite une approche multifacette qui aborde les divers facteurs contribuant à cette condition. Voici quelques stratégies efficaces à envisager :
• Modifications environnementales : Améliorer l’environnement des bâtiments est essentiel pour réduire le stress thermique. Cela peut inclure l’installation de systèmes de ventilation, l’utilisation de brumisateurs, et les espaces d’ombre en plein air pour garder les truies au frais. Veiller à ce que la température ambiante reste au plus proche dans la plage optimale de 18-22°C peut réduire considérablement le stress et améliorer les performances reproductives.
• Nutrition optimisée : S’assurer que les truies reçoivent une alimentation équilibrée répondant à leurs besoins nutritionnels est essentiel, en particulier pendant les périodes de diminution de la consommation alimentaire. Fournir des aliments de haute qualité avec des niveaux appropriés d’énergie, de protéines, de vitamines et de minéraux peut aider à maintenir la condition corporelle et à soutenir la santé reproductive. Si les truies consomment moins d’aliment et ont des besoins augmentés à cause du stress, il peut être nécessaire de les complémenter en vitamines et minéraux (notamment vitamine E et Sélénium) sur la période critique. Il est également impératif de mettre en place des stratégies pour encourager la consommation d’aliments, comme nourrir pendant les périodes plus fraîches de la journée.
• Surveillance et ajustement des photopériodes : Ajuster l’éclairage artificiel dans les installations de logement des truies pour imiter des jours plus longs peut aider à réguler la production de mélatonine et à maintenir des cycles œstraux réguliers.
• Surveillance de l’état des animaux: Une surveillance fréquente des performances reproductives des truies, y compris le suivi des cycles œstraux et des scores de condition corporelle, est essentielle pour la détection précoce et la gestion des problèmes de fertilité. L’état corporel peut être suivi par des notes d’état, les ELD ou d’autres systèmes comme le Caliper.
• Réduction du stress et amélioration du bien-être : Réduire d’autres sources de stress, comme minimiser la manipulation ou le transport pendant les périodes critiques de reproduction, peut également aider à améliorer la fertilité. S’assurer que les truies ont accès à une quantité suffisante d’eau fraîche et à une litière confortable peut améliorer le bien-être général et réduire les problèmes de fertilité liés au stress.
Conclusion:
L’infertilité saisonnière chez les truies pose un défi important pour les éleveurs de porcs, surtout pendant les mois les plus chauds. Cependant, en comprenant les causes sous-jacentes et en mettant en œuvre des stratégies de gestion efficaces, il est possible d’en atténuer l’impact et de maintenir des niveaux élevés de productivité. En optimisant l’environnement, la nutrition et les pratiques à ces moments critiques, les éleveurs peuvent améliorer le bien-être des truies et les performances reproductives, garantissant ainsi un succès et une rentabilité continus.