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Le stress thermique

Les porcs sont beaucoup plus sensibles à la chaleur que les autres animaux.

Par conséquent, pendant les périodes de temps chaud, il est important de rechercher des moyens de réduire le stress thermique.

Les génotypes porcins modernes produisent beaucoup plus de chaleur que leurs prédécesseurs. Une étude sur la production de chaleur et d’humidité par les porcs menée par Brown-Brandl et al. (2003) a suggéré que les nouvelles lignées génétiques de porcs produisent près de 20 % de chaleur en plus que leurs homologues du début des années 1980. Cette tendance s’est encore poursuivie depuis la réalisation de cette étude et la production de chaleur pourrait avoir augmenté de 10 % supplémentaire.

 

Pourquoi les porcs sont-ils si sensibles au stress thermique ?

La plupart des animaux peuvent transférer la chaleur interne vers l’extérieur de leur corps en transpirant et en haletant – ces deux outils sont les plus importants pour le maintien de la température corporelle et constituent un système de refroidissement par évaporation.

Cependant, les porcs ne transpirent pas et ont des poumons relativement petits. En raison de ces limitations physiologiques et de leur graisse sous-cutanée épaisse, les porcs sont sujets au stress thermique. Les deux symptômes évidents observés lorsque les porcs sont exposés à un stress thermique sont une augmentation du rythme respiratoire et une perte d’appétit. Ce dernier point a pour effet de diminuer la production de chaleur interne. Si le stress thermique persiste, les porcs commencent à boire des quantités excessives d’eau (augmentation de la perte d’électrolytes) et accumulent les acides produits dans le corps (causant une perte de l’équilibre acide/base). Cela peut éventuellement entraîner une diarrhée ou la mort dans les cas graves.

 

Que dit la recherche sur le stress thermique ?

Une publication de Pearce et al. (2013) a examiné ce qui arrivait à la structure intestinale lorsque les porcs étaient exposés à un stress thermique. Cette étude a montré qu’une exposition à 35 °C pendant 24 heures endommageait de manière significative la fonction de défense intestinale et augmentait également les niveaux d’endotoxines plasmatiques. Les auteurs ont expliqué que lorsque les porcs sont exposés à un stress thermique (même pendant 2h à 6h seulement), leur système de défense intestinale est considérablement compromis, ce qui offre une possibilité d’infection car les bactéries pathogènes peuvent envahir le corps plus facilement. Par conséquent, le stress thermique peut engendrer une infection secondaire si les conditions sanitaires sont mauvaises.

 

Quelles conséquences du stress thermique sur les performances des porcs en croissance ?

Les porcs lourds sont plus sujets au stress thermique avec une réduction des performances de croissance plus importante que pour les porcs plus légers.

La figure 1 montre l’ampleur de la perte de performance chez des porcs de 25, 50 et 75 kg lorsque la température ambiante est passée de 14 °C à 35 °C. Le gain moyen quotidien (GMQ) commence à diminuer lorsque des porcs de 75 kg ont été exposés à des températures supérieures à 23 °C, tandis que pour les porcs de 25 kg, le GMQ commence à diminuer lorsqu’ils sont exposés à des températures supérieures à 27 °C.

La figure 2 montre les températures considérées comme critiques en fonction du poids de l’animal.  Cette information peut vous être utile pour bien déterminer la température d’ambiance de la salle.

Figure 1 : Effet de la température ambiante sur le gain quotidien moyen des porcs en croissance-finition

Figure 2 : Le poids des porcs (kg) a un effet significatif sur la température critique pour l’ingéré quotidien et le gain moyen quotidien.

 

Quelle relation entre la température et l’humidité ?

Les porcs développent généralement un stress thermique à des températures beaucoup plus basses lorsque l’humidité est élevée. L’Iowa State University a publié un tableau sur l’indice de stress thermique (Figure 3). Le graphique montre qu’une humidité moyenne de 30 % associée à des températures supérieures à 28 °C affectera de manière significative la santé intestinale et les performances des porcs de croissance-finition. La tolérance à la température est plus faible pour les troupeaux reproducteurs.

Figure 3 : Ce tableau du stress thermique combine les effets de la température et de l’humidité relative pour fournir une classification en zones d’alerte, de danger et d’urgence pour les porcs en croissance-finition.

Quelles conséquences du stress thermique sur les performances des porcs en reproduction ?

L’infertilité saisonnière fait référence à la baisse habituelle de la production des truies qui sont saillies pendant l’été et qui mettent bas de novembre à janvier. Les épisodes de chaleur estivale qui entraînent un stress thermique sont la principale cause d’infertilité saisonnière dans le troupeau reproducteur.

Le stress thermique nuit également à la production des truies pendant la lactation. L’augmentation des températures environnementales réduit généralement la consommation d’aliments par les truies. Des apports alimentaires plus faibles entraînent une baisse de la production de lait, ce qui réduit ensuite le gain de poids des porcelets.

Les truies qui subissent un stress thermique entre 14 et 21 jours avant l’insémination peuvent avoir un taux de mise-bas inférieur et celles entre 7 jours avant et 12 jours après l’insémination peuvent avoir une baisse du nombre total de porcelets nés par portée.

Comment réduire le stress thermique ?

  • Augmenter la ventilation et le débit d’air et vérifier régulièrement que le système de refroidissement est en bon état de fonctionnement (cooling, brumisation, etc).
  • Réduire la densité de peuplement si possible.
  • Maintenir la température de l’eau d’abreuvement aussi basse que possible (autour de 10°C est idéal mais cela reste difficile à atteindre).
  • Éviter de nourrir entre 10h00 et 16h00 (la période la plus chaude de la journée). Pour l’alimentation en soupe, s’assurer de la présence de pipettes d’eau ou distribuer un repas d’eau supplémentaire dans la journée.
  • Supplémenter en électrolytes et antioxydants.

Exemple : Forcil, disponible dans votre cabinet, à base de plantes et de vitamines, riche en antioxydants. A distribuer par voie orale durant plusieurs jours lors de fortes chaleurs. Demander conseil à votre vétérinaire.

  • Diminuer la ration mais augmenter la densité énergétique alimentaire.
  • Minimiser l’excès d’acides aminés non essentiels et de fibres (minimisation de la fermentation intestinale et donc de la production de chaleur).
  • Augmenter la disponibilité des antioxydants par l’alimentation tels que la vitamine E et la bétaïne.