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Année humide, gare aux Mycotoxines !

Les mycotoxines sont un point de vigilance important. Ces toxines produites par des moisissures peuvent avoir des effets significatifs sur la santé et les performances des porcs. Nous allons vous expliquer ce que sont les mycotoxines, leur origine, leur impact sur les porcs, les méthodes de détection, les signes cliniques d’alerte et, enfin, les stratégies de contrôle.

1. Définition d’une Mycotoxine

Les mycotoxines sont des métabolites secondaires produits par certaines espèces de champignons, principalement les genres Fusarium, Aspergillus et Penicillium. Ces toxines ne sont ni visibles à l’œil nu ni détectables par l’odeur, mais elles représentent un danger réel pour la santé des animaux.

2. Origine des Mycotoxines

Les mycotoxines se forment principalement dans les champs, lorsque les conditions climatiques (humidité, température) favorisent le développement des moisissures. Nous avons donc des céréales qui peuvent être récoltées avec des mycotoxines. Ces mycotoxines dites de champ sont les mycotoxines les plus souvent retrouvées en France (Vomitoxine, Zéaralenone, Toxine T2, Fumonisines). Dans des conditions « tropicales » (forte température et humidité importante) il peut aussi y avoir des productions de mycotoxines pendant le stockage (Aflatoxines, Ochratoxines). Elles sont pour le moment peu fréquentes en France (attention toutefois manque d’étanchéité sur les silos de stockage).

Dans le graphique ci-dessous, tiré d’une campagne d’analyse réalisé après la moisson 2024, nous pouvons voir le niveau des mycotoxines en fonction des céréales. Le niveau pour l’année 2024 est considéré comme acceptable. Ce niveau peut varier d’une année à l’autre ou aussi en fonction des régions.

 

Représentation graphique des teneurs en mycotoxines dans les céréales en France pour la campagne 2024 – Résultat Provimi

representation graphique des teneurs en mycotoxines dans les cereales en france pour la campagne 2024

3. Actions possibles des Mycotoxines sur l’Espèce Porcine

Les mycotoxines peuvent affecter les truies, porcelets ou porcs de plusieurs façons, selon le type et la concentration ingérée. Parmi les mycotoxines les plus couramment rencontrées dans les élevages porcins, la vomitoxine (DON) et la zéaralénone sont particulièrement problématiques.

• Vomitoxine (DON) : Elle provoque une diminution de l’appétit, des troubles digestifs, une perte de poids et une baisse des performances zootechniques. Le seuil généralement considéré comme problématique pour les porcs est supérieur à 1 ppm (1 mg/kg) dans l’aliment. Des concentrations plus élevées (supérieures à 2-3 ppm) peuvent entraîner des effets plus graves, notamment des perturbations immunitaires.
• Zéaralénone : A une action œstrogénique, perturbant le système reproducteur des truies. Le seuil critique pour la zéaralénone est estimé à 0,2-1 ppm (0,2-1 mg/kg) dans l’aliment pour les truies et les cochettes. À des niveaux supérieurs, des effets indésirables tels que des œstrus irréguliers, des avortements et des malformations fœtales peuvent survenir, ce qui impacte la productivité de l’élevage.

4. Symptômes d’Alerte chez les Porcs

Certains signes ou symptômes doivent faire penser à l’hypothèse mycotoxine :
• Baisse d’appétit et d’ingéré : Un signe souvent observé en cas de présence de vomitoxine (DON).
• Retard de croissance
• Diarrhée et vomissements peuvent se manifester, particulièrement en cas de contamination par la DON.
• Troubles reproductions : Infertilité, retards d’œstrus, avortements, et autres troubles de la reproduction sont des indicateurs possibles d’une exposition à la zéaralénone.
• Présence de vulves rouges ou de nécroses de queues sur les porcelets à la naissance.

5. Méthode de Détection des Mycotoxines

En cas de doute, il est important de lever la suspicion par une analyse.

• Prélèvement d’échantillons : Un échantillon représentatif d’aliments ou de céréales est prélevé pour être analysé, en prenant au moins 500g de l’aliment ou la MP.
• L’analyse se fera en laboratoire et donnera un résultat quantitatif par mycotoxine.

Il est important de se rapprocher de votre vétérinaire pour l’interprétation du résultat qui peut être complexe.

6. Méthodes de Contrôle si présence de mycotoxine en élevage

Une fois la contamination détectée, plusieurs mesures peuvent être prises pour réduire l’impact des mycotoxines sur le troupeau :

• Utilisation de capteurs de mycotoxines : L’ajout de capteurs (adsorbants) dans l’alimentation est une mesure courante. Ces additifs, souvent à base d’argiles, de levures ou de charbon, se lient aux mycotoxines dans le tube digestif, limitant leur absorption. Il est essentiel de choisir un capteur efficace pour les types de mycotoxines détectées. La dose est à caler en fonction du niveau de contamination.
• En FAF, Gestion des taux d’incorporation des matières premières contaminées : Si les matières premières sont contaminées, il est possible de réduire leur incorporation dans la ration. En réduisant le taux d’incorporation de la céréale contaminée la ration globale peut être diluée en dessous des seuils de toxicité.
• Adaptation des rations : Il peut être nécessaire d’adapter les rations pour soutenir l’immunité des porcs, notamment en renforçant les apports en antioxydants, ou faire des cures d’hépatoprotecteur afin de compenser les effets négatifs des mycotoxines.