Avez-vous entendu parler du Règlement Européen 2019/4 relatif aux aliments médicamenteux ?
Derrière cet intitulé mystérieux se cachent 21 pages qui vont prochainement modifier nos pratiques en matière de traitement via l’aliment des porcs.
L’objectif de cet article n’est pas de détailler tous les éléments de ce nouveau texte mais plutôt de revenir sur quelques points clefs qui vont directement impacter la manière de traiter les porcs dans votre élevage. Rappelons que l’objectif principal est de lutter contre le développement d’antibiorésistances, l’un des enjeux majeurs actuels en matière de santé publique.
En résumé…
A compter du 28 janvier 2022, la prescription d’un aliment médicamenteux contenant un antimicrobien (entre autres un antibiotique) devra s’appuyer sur un diagnostic de maladie sur le lot concerné. La prescription d’un antibiotique à des fins préventives est déjà interdite mais la métaphylaxie* pourrait être également compromise à terme. Autrement dit, il sera compliqué d’utiliser un aliment médicamenteux contenant un antibiotique de manière systématique d’un lot sur l’autre ou lors d’une entrée en porcherie lorsque les animaux ne présentent pas encore de symptômes et l’ordonnance devra indiquer la pathologie traitée.
La durée d’un traitement n’excèdera pas deux semaines pour les aliments contenant des antimicrobiens en l’absence d’une autre indication dans le RCP du produit.
D’autre part, il ne sera plus possible d’associer plusieurs antimicrobiens dans un aliment médicamenteux mais l’association d’un antimicrobien avec un antiparasitaire reste valable. Par exemple, un aliment 1er âge ne pourra contenir au maximum qu’un vermifuge et un antibiotique.
De plus, la durée de validité d’une ordonnance d’un aliment contenant un antimicrobien est réduite à 5 jours ce qui correspond à la durée entre l’émission de l’ordonnance et la délivrance de l’aliment médicamenteux à l’éleveur.
Ces différents points tendent donc à faire diminuer fortement le recours aux antibiotiques par l’aliment médicamenteux.
Il faut malgré tout s’attendre à des changements importants à ce niveau et il est important de préparer cette transition dès maintenant.
Si les points énoncés ci-dessus sont assez clairs dans les textes, certains points restent encore obscurs. La DGAL (Direction Générale de l’Alimentation) travaille encore aujourd’hui dessus et des modifications pourront encore être apportées dans les prochains mois. Tout cela mettra plus de contrainte sur la prescription. Mais les usines aussi sont impactées, rendant plus difficile la délivrance des aliments médicamenteux.
En fonction de la situation de votre élevage, le recours à l’aliment médicamenteux sera donc, à partir de 28 janvier 2022, probablement plus difficile. Il nous faut, alors, préparer cette transition dès maintenant.
Votre vétérinaire est à vos côtés pour analyser la situation et vous conseiller sur les meilleures solutions alternatives: aliment blanc, traitement par l’eau de boisson via une pompe doseuse, vaccination, acidifiants, phytothérapie…
* l’administration d’un médicament à un groupe d’animaux après qu’un diagnostic d’une maladie clinique ait été établi pour une partie du groupe.