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Gestion de la douleur chez la truie à la mise-bas

Reconnaître, mesurer, traiter ou prévenir la douleur chez la truie au moment de la mise-bas est un enjeu de bien-être animal et de productivité d’élevage

Il est généralement accepté dans la pratique d’élevage que la mise-bas provoque de la douleur aiguë chez tous les mammifères, truies inclues (1)(9). Ce phénomène se trouve accentué en cas de dilatation insuffisante du canal utérin ou une baisse de la fréquence et de l’intensité des contractions utérines (2). Il a été démontré que les primipares ont généralement des mises-bas plus douloureuses, dû à un manque d’expérience et à une plus longue durée de mise-bas. Le taux de dystocies est aussi plus élevé chez les primipares. Les multipares, quant à elles, présentent un degré de douleur plus élevé dans le post-partum pour une perte plus importante du tonus utérin (3)(4). 

Indicateurs de douleur

De plus en plus, nous cherchons à identifier les bons indicateurs de douleur chez une truie. Ils peuvent être regroupés en trois types différents, comme suit (6) : 

  • Productifs : truies peu maternelles, mortalité néo-natale augmentée, défaut dans la prise colostrale et baisse de croissance des porcelets en maternité.
  • Physiologiques : fréquence cardiaque et respiratoire augmentée, fièvre. Les protéines PCR (C-réactive) et l’HP (Haptoglobine) sont des marqueurs physiologiques d’inflammation chez le porc et chez une truie, leurs valeurs sont très élevées, même à une semaine de la MB. Le cortisol (appelé hormone du stress) dans le sang est aussi retrouvé à très haute concentration.
  • Comportementaux 
  • Changements posturaux de la truie : généralement la truie reste en décubitus latéral (la truie commence à bouger plus régulièrement à partir de 3 jours post-MB). Un excès de mouvements provoque un mauvais démarrage de l’allaitement des porcelets, des écrasements et une augmentation de la mortalité entre 0h et 48h.  
  • Indicateurs spécifiques de la douleur : mouvements en avant des pattes arrière, cambrure du dos (contractions utérines), raclures, tremblements (effets cumulatifs d’un cadre inflammatoire, douleur et fatigue) et mouvements rapides de la queue (expulsion imminente d’un porcelet).
  • Comportement porcelets : faible vitalité, perte de poids, décrochés.
  • Expressions faciales: une étude propose une échelle basée sur 5 unités d’action faciale (FAU, photo1) : 
  • Tension musculaire au-dessus des yeux (« a ») 
  • Angle de la ligne du chanfrein (« b ») 
  • Tension du cou (« c »)
  • Tension temporal (tempes) et position des oreilles (« d »)
  • Tension des joues (« e »)

Ces indicateurs faciaux doivent être utilisés pour évaluer le degré de la douleur lors une truie met bas et 3 degrés d’intensité sont décrits ci-dessous :  

indicateurs faciaux truie degre de douleur

Photo 1. Sans douleur (quelques jours après la MB), modéré (entre 2 porcelets expulsés) et sévère (expulsion d’un porcelet) (6)

Si les indicateurs physiologiques ne sont pas spécifiques (d’autres facteurs comme les changements hormonaux et le stress peuvent les influencer), les indicateurs productifs sont faciles à étudier. Les comportementaux nécessitent un temps d’observation répété pour bien les repérer. 

Conséquences d’une mise-bas compliquée

Un cadre inflammatoire important associé à la présence de lésions au niveau de l’utérus peuvent avoir des effets négatifs sur le bien-être de la truie et sa productivité : baisse de consommation, perte excessive de son poids, blocage en lait ou mauvaise production de lait. La dystocie augmente le risque d’endométriose, écoulements vaginaux, rétention placentaire, syndrome MMA et abattement précoce. De plus, la douleur et le stress inhibent la production de l’ocytocine et provoquent, en conséquence, des mises-bas longues et une réduction de l’éjection du colostrum/lait. D’un point de vue comportemental, la truie ne serait pas trop maternelle. Un aspect important quand nous parlons de problèmes de santé de la truie est que les conséquences ne concernent pas seulement la truie mais aussi le bien-être des porcelets (mortalité, vitalité) et de la productivité (nombre de sevrés, croissance) (8).  

Traitement de la douleur autour de la mise-bas

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont utilisés pour traiter des affections entraînant une douleur et une inflammation chez le porc : castration des porcelets, problèmes locomoteurs, MMA, léthargie post-partum. Le Méloxicam est un des AINS le plus utilisé en Europe et en France. Il a été démontré que son utilisation correcte autour de la mise-bas a réduit le temps de décubitus sternal chez les truies après la MB, une diminution de la mortalité des nouveau-nés et a apporté une augmentation du poids de porcelets au sevrage (+ 200-400g) (5). Ça signifie que les truies reprennent plus rapidement leur état physiologique dans le post-partum. Il a été démontré aussi que l’administration par voie orale du Méloxicam aux truies en début de MB augmente la concentration d’immunoglobulines et cytokines dans le colostrum et augmente la concentration d’immunoglobulines G dans le sérum des porcelets en améliorant leur GMQ avant le sevrage (5)(7).  

Prévention de la douleur à la mise-bas

Dans les élevages à problèmes répétés et liés à des MB longues, douloureuses et dystociques, il est fortement conseillé de faire un point plus approfondi avec votre vétérinaire sur l’état corporel de tout le cheptel truies * (Caliper, ELD). Il serait aussi pertinent d’effectuer une évaluation sur les problèmes d’arthrites/aplombs et également sur une possible carences vitaminiques/minérales.  

Bibliographie

Mainau, Temple, Llonch, Manteca, Pain caused by parturition in sows. The farm animal welfare fact sheet Nº 20/October 2018

E.Navarro, Mainau, Temple, Llonch, Manteca, Pain caused by parturition in sows (ii): Useful indicators and pain relief. The farm animal welfare fact sheet Nº 21/March 2021 

Ison SH, Jarvis S, Hall SA, Ashworth CJ, Rutherford KMD 2018. Periparturient behavior and physiology: Further insight into the farrowing process for primiparous and multiparous sows. Frontiers in Veterinary Science 5. https://doi.org/10.3389/ fvets.2018.00122 

Ison SH, Jarvis S, Rutherford KMD 2016. The identification Sponsored by:of potential behavioural indicators of pain in periparturient sows. Research in Veterinary Science 109, 114–120. https://doi.org/10.1016/j.rvsc.2016.10.002 

Mainau, Temple, Manteca, 2016. Experimental study on the effect of oral meloxicam administration in sows on pre-weaning mortality and growth and immunoglobulin G transfer to piglets. Preventive Veterinary Medicine https://doi.or g/10.1016/j.prevetmed.2016.01.032

Navarro, Mainau, Manteca, 2020. Development of a Facial Expression Scale Using Farrowing as a Model of Pain in Sows. Animals 10: 2113. https://doi. org/10.3390/ani10112113

Navarro, Mainau, De Miguel, Temple, Salas, Manteca, 2021. Oral meloxicam administration in sows at farrowing and its effects on piglet immunity transfer and growth. Frontiers in Veterinary Science. https://doi.org/10.3389/fvets.2021.574250 

Ison SH, Rutherford KMD 2014. Attitudes of farmers and veterinarians towards pain and the use of pain relief in pigs. The Veterinary Journal 202: 622-627. 

Mainau, Manteca, 2011. Pain and discomfort caused by parturition in cows and sows. Applied Animal Behaviour Science 135: 241-251.