Peut-être utilisez-vous déjà la « fiche monitoring » dans votre élevage, ou eu l’occasion d’en parler avec votre vétérinaire lors de la Visite Sanitaire Porcine sur le bien-être animal ?
On fait le point sur cette fiche:
Rappel réglementaire sur la caudectomie:
La coupe de la queue des porcelets, pratiquée pour prévenir les morsures des congénères, est une pratique autorisée par la réglementation européenne.
La directive qui établit les normes relatives à la protection des porcs et fixe les dispositions relatives à l’interdiction des pratiques de caudectomie de routine est la directive 2008/120/CE du 18 décembre 2008 :
« La section partielle de la queue et la réduction des coins ne peuvent être réalisées sur une base de routine, mais uniquement lorsqu’il existe des preuves que des blessures causées aux mamelles des truies ou aux oreilles ou aux queues d’autres porcs ont eu lieu. Avant d’exécuter ces procédures, d’autres mesures doivent être prises afin de prévenir la caudophagie et d’autres vices, en tenant compte du milieu de vie et des taux de charge. Pour cette raison, les conditions d’ambiance ou les systèmes de conduite des élevages doivent être modifiés s’ils ne sont pas appropriés. »
Depuis 2015, la Commission Européenne conduit des audits des différents États membres afin de faire respecter cette réglementation. Cela s’accompagne d’un intérêt croissant des citoyens et consommateurs pour les conditions d’élevage.
Sur le territoire, le compte n’y est pas encore, puisqu’il y a plus de 95 % des porcs français à qui l’on coupe encore la queue.
En cause, la multiplicité des facteurs induisant un comportement de caudophagie rend la lutte complexe.
L’objectivation de ces facteurs ainsi que le développement de moyens permettant de limiter la caudophagie sont des préalables indispensables à l’arrêt de la caudectomie. Il s’agit également de facteurs de risques spécifiques à chaque élevage pour lesquels il n’existe pas de solution unique.
C’est dans cet objectif qu’en 2018, les professionnels de la filière porcine ont établi conjointement avec le ministère de l’agriculture et de l’alimentation un plan d’actions, basé sur des travaux menés conjointement avec les associations de protection animale. Ce plan abordait entre autres des actions sur les matériaux manipulables et la prévalence des blessures à la queue en lien avec des modifications des conditions environnementales et des systèmes d’élevage.
Pourquoi suivre les morsures en élevage de porc ?
Chaque éleveur est tenu de connaître la réglementation relative à la caudectomie et doit être en mesure d’expliquer la gestion des facteurs de risques pour prévenir les morsures dans son élevage, ainsi que noter les morsures lorsqu’elles surviennent, notamment pour pouvoir justifier du maintien de la pratique de la caudectomie.
L’utilisation de la fiche monitoring vous permettra de prouver l’apparition de morsures dans le contexte de votre élevage, ainsi que les changements de conditions d’élevage que vous avez mis en place après avoir constaté des morsures.
Comment et quand utiliser la fiche d’enregistrement ?
L’idéal serait d’avoir une fiche par salle, mais l’éleveur doit au minimum tenir une fiche pour une salle par bande en post sevrage et une salle par bande en engraissement.
Durant la période d’élevage des animaux, lors des visites quotidiennes :
– Enregistrer les traces de morsure dès la première observation sur un animal mordu,
– Prendre une ou plusieurs photos de porcs mordus, pour chaque catégorie de morsures observée
– Enregistrer les modifications apportées immédiatement dans la case/ pour la bande
Pour vous aider à catégoriser les morsures, des fiches de notation de lésions ont été établies (Grille de suivi des situations individuelles d’élevage: caudectomie et risque de caudophagie et autres morsures).
Au moment de la sortie des animaux de la salle :
– Si des morsures ont été observées, proposer une amélioration des conditions d’élevage à mettre en œuvre pour la bande suivante,
– Si peu de morsures ont été observées, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire pour envisager la mise en place d’un groupe test d’animaux avec des queues entières.
Conserver les fiches dans le registre d’élevage. Elles pourront servir de documents de preuve lors des contrôles officiels.
Bon à savoir !
Afin de faciliter le suivi et l’archivage des données, l’ifip a développé l’application « Caudosuivi ». Cette dernière, entièrement gratuite, requiert simplement la création d’un compte sur le site internet. L’éleveur ainsi que d’autres utilisateurs peuvent se connecter à ce compte depuis leur smartphone, et plusieurs sites d’élevage peuvent être associés à un même compte. L’objectif est de simplifier le suivi et la gestion des élevages multisites employant plusieurs salariés. L’application peut être utilisée aussi bien depuis un smartphone qu’un ordinateur. L’utilisateur crée une fiche distincte pour chaque bande, y notant le nombre de morsures observées au cours du stade physiologique. À chaque fiche, il est possible d’associer des photos illustrant les morsures enregistrées.
Votre vétérinaire EPIDALIS est votre interlocuteur privilégié pour discuter avec vous de la fiche monitoring, de la caudophagie ou pour vous accompagner sur un essai d’arrêt de la caudectomie dans votre élevage !
Sources :
https://opera-connaissances.chambres-agriculture.fr/doc_num.php?explnum_id=162954
https://ifip.asso.fr/documentations/44982-numeriser-sa-fiche-caudectomie-avec-caudosuivi/
https://draaf.bourgogne-franche-comte.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/CELEX_32008L0120_FR_TXT_cle8fb82a.pdf
