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Des porcs pour la paix

Le programme Porcs pour la Paix démarre en RDC (République Démocratique du Congo) en 2008 sous l’impulsion de Mitima Mpanano Remy, directeur du Programme d’Appui aux Initiatives Economiques (PAIDEK) et du Dr Nancy Glass, professeur à l’université John Hopkins (USA), dans l’objectif d’améliorer la sécurité économique et la santé des familles vivant en milieu rural dans la région du Kivu du Sud en RDC.

Il s’agit d’un programme de microcrédit à destination des femmes et hommes adultes victimes des conflits armés et de la pauvreté extrême qui en découle, mais dont le prêt se fait sous la forme d’un animal, une truie en l’occurrence.

Fonctionnement du programme

Les équipes du programme se chargent de former les volontaires à l’élevage du cochon, au suivi de sa santé et de sa nutrition, ainsi que de sa reproduction.
Les équipes locales donnent également leur aide et leur expérience pour la construction des cases, et assurent les soins vétérinaires.

Les volontaires se voient ainsi remettre une cochette, généralement aux alentours de 25kg. Ils la nourrissent et s’en occupent et lorsque celle-ci a sa première portée, ils remboursent deux cochettes : une pour rembourser le prêt et une autre pour les «intérêts», qui sera donnée à un autre volontaire. De cette manière, la stabilité économique se propage et se maintient.

Les autres porcelets peuvent être soit vendus, généralement pour 25 à 40$ par individu, soit consommés. Cela peut paraître peu à notre échelle, mais n’oublions pas qu’une famille dans les régions rurales de RDC vit en moyenne avec 400$ par an.

Une part importante du programme est également la participation des volontaires à des séances de prévention et de sensibilisation aux violences conjugales et sexuelles, ainsi que des thérapies de groupes de victimes des violences liées aux conflits armés.

Pourquoi des porcs ?

Lorsqu’il a fallu choisir l’animal concerné par le programme, les discussions ont évidemment inclus les populations locales qui en bénéficieraient et ce sont les habitants eux-mêmes qui ont recommandé le porc comme animal de choix, et ce pour de nombreuses raisons :

  • Les cochons sont communs à la région.
  • Ils s’accommodent bien de petites surfaces.
  • Ils n’ont pas d’exigences nutritionnelles particulières, et peuvent manger les restes sans problème.
  • Ils sont très prolifiques : deux mises-bas par an, avec 6 porcelets à chaque fois en moyenne.
  • L’élevage des porcs n’est pas une activité réservée aux hommes et peut être pratiqué par les femmes sans créer de tabou ou de clivage.
  • Culturellement pas tabou comme dans d’autres communautés musulmanes à proximité.
  • Les porcs produisent un excellent engrais capable d’améliorer à peu de frais le rendement des terres agricoles du foyer.

Intérêts et bilan ?

Les fonds provenant de la vente d’un porc vivant ou de produits découpés peuvent aider à financer les besoins essentiels de la famille (frais de scolarité, soins de santé, nourriture, vêtements, etc), à réparer des logements, à acquérir des terres pour la production agricole et à investir dans l’élevage ou d’autres activités commerciales. Certains ont déclaré avoir utilisé de l’argent pour « soutenir la communauté dans son ensemble ». Source: Site officiel du programme Porc Pour la Paix.

Un cochon peut sauver un foyer

Dans une interview, une des fondatrices, Dr Nancy Glass, déclare également :
« Au début, Porcs pour la Paix apparaissait comme un simple levier économique, mais c’est tellement plus que cela. Nous éduquons et soutenons les familles au regard de la santé, de la prévention des violences sexuelles et de l’égalité homme/femme. Les femmes utilisent l’argent issu des porcs pour planter des nouveaux champs, élever des poulets, sécuriser un accès à l’eau potable, acheter des moustiquaires, ouvrir une entreprise et envoyer leurs enfants à l’école. Je pense vraiment qu’un cochon peut sauver un foyer. »

En 2014, le Dr Nancy Glass a réalisé une étude sur les impacts économiques, sociaux et psychologiques du programme (disponible dans les sources à la fin de l’article), qui montre un effet très positif de l’élevage de truies sur la situation sociale des femmes victimes des conflits avec notamment une amélioration de la considération des autres membres de la communauté. Les animaux d’élevage servent de véritable placement sécurisé et apporte une sérénité quant à l’avenir économique du foyer. Le Dr Nancy Glass démontre également une réduction notable des troubles de stress post-traumatiques chez les femmes volontaires.

Témoignage d’une femme ayant bénéficié du programme

« De la première mise-bas, mon cochon a eu 9 petits. J’ai rendu 2 porcelets au projet et vendu quelques autres. J’ai utilisé l’argent pour envoyer mes enfants à l’école et économiser un peu. De la deuxième mise-bas, j’ai vendu quelques porcelets pour acheter ma terre et économiser encore.

Maintenant je suis quelqu’un de respecté dans le village. Je suis en bonne santé. Je suis une « grande » personne. J’ai mûri, la vie a avancé pour moi et ma famille. Quand on vous offre quelque chose, prenez en soin et travaillez dur. Vous serez respectée comme moi. »

HOURRA POUR LES COCHONS !

Sources :

http://www.glrbtp.org/projects_p4p.html

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4242503/

https://magazine.nursing.jhu.edu/2009/08/pigs-for-peace/

https://www.pfpcongo.com/nos-programmes

https://sigma.nursingrepository.org/bitstream/handle/10755/620975/Fri_Emerging_Global_Leadership_Glass.pdf;jsessionid=07DB1EE3DD711157A19C9630D9464202?sequence=1

https://www.coursera.org/lecture/gender-based-violence/bonus-lesson-pigs-for-peace-livestock-microfinance-intervention-to-improve-OBe7O