Depuis un peu plus de deux mois maintenant, la peste porcine africaine est rentrée en Allemagne, à sa frontière nord-est avec la Pologne. L’analyse de la décomposition des cadavres de sangliers trouvés montre que la maladie est présente sur le territoire allemand depuis au moins début juillet.
Pourtant, une clôture électrique à la frontière avec la Pologne avait été érigée pour éviter le passage de sangliers de Pologne vers l’Allemagne. Malheureusement, celle-ci n’a pas suffit face aux nombreux animaux qui traversent chaque jour.
Au 11 novembre, 147 cas ont été recensés, tous issus de sangliers, soit trouvés morts, soit abattus à l’occasion de chasses.
Une nouvelle clôture est en cours de construction, d’une longueur > à 50 km, à 5 km autour de la première zone infectée.
La zone de restriction initialement mise en place a dû être agrandie vers le nord pour faire face à la progression de la maladie. Elle contient maintenant 2 zones dites infectées, correspondantes aux 2 foyers détectés. Une île à la frontière entre l’Allemagne et la Pologne, située sur l’Oder, est particulièrement concernée, avec des sangliers présentant des signes cliniques de PPA détectés aux drones. En effet, toutes les zones de la région ne sont pas accessibles à pied et du repérage est réalisé avec des outils afin de mieux localiser les cadavres et les animaux vivants.
Figure 1 : Différentes zones mises en place suite à la détection de cas de PPA en Allemagne
Une autre zone infectée, au nord de la Saxe, a été déclarée suite à l’abattage d’une laie en bonne santé. 1 seul cas a été détecté à cet endroit et une clôture est en cours de construction.
La Bavière, Land situé au sud de la Saxe et pour l’instant indemne, a décidé d’investir dans la construction d’une barrière à sangliers de part et d’autre des autoroutes venant de Saxe, Thuringe et de la République Tchèque (indemnes) sur un total de 500 km.
Depuis le 11 novembre, une coopération entre l’Allemagne, la Pologne et la République Tchèque a été annoncée par la ministre fédérale allemande en charge de l’agriculture.
Ailleurs en Europe
- La Belgique compte bien retrouver son statut indemne de PPA après plus d’un an sans nouveau cas positif. Le pays fait encore l’objet d’un embargo sur la viande de porc par 20 pays.
- En Pologne, au 13 octobre, 98 foyers domestiques étaient déclarés en plus des foyers sauvages.
- La peste continue sa progression dans les autres pays d’Europe, à l’Est.
Impact économique
Il est difficile de prédire l’évolution du cours du porc en France et en Europe. La conjoncture PPA + COVID-19 ne permet pas d’avoir de vision à court ou moyen termes.
Après une baisse du cours en France, les prix semblent se maintenir. Ce n’est pas le cas en Allemagne où le cours baisse et le poids des carcasses augmente, entrainant des déclassements. La Belgique subit plus faiblement l’arrivée de la PPA en Allemagne. Au Danemark et aux Pays Bas, les cours restent stables.
En Espagne, l’activité reste haute grâce à la demande des pays Asiatiques.
Figure 2 : évolution des prix moyens payés éleveurs au Danemark, en Allemagne, en Espagne et en France.
Conclusion
L’hypothèse d’une introduction unique en Allemagne a été écartée suite à la découverte d’un second foyer à plus de 60 km au nord du premier. Surtout si l’on considère que la vitesse d’expansion de la PPA est autour de 3 km / mois (source EFSA). Dans les semaines/mois à venir, l’Allemagne va devoir faire face à un front tout le long de sa frontière avec la Pologne.
En France, la vigilance reste de mise. Nous ne sommes pas à l’abri d’un cas importé ou d’une erreur humaine.
