Avec la répétition d’épisodes de fortes chaleurs de plus en plus réguliers et de plus en plus longs ces dernières années, nous avons pu voir arriver de la part des fabricants d’aliment des propositions de formules été pour les truies. Cet article vous donne les clés pour savoir séparer l’intérêt technique du marketing.
La thermoneutralité d’une truie allaitante est estimée à 22°C (Black 1993). Plusieurs études ont comparé les performances des truies allaitantes dans des conditions de thermoneutralité et de haute température (29-30°C). Les effets mesurés sont :
• Réduction de l’ingéré
• Augmentation du rythme respiratoire
• Réduction de la production laitière (évaluée sur la croissance de la portée)
• Réduction de la perte de poids de la truie durant la lactation.
A la lecture des effets, nous pourrions conclure que la cause première est la baisse d’ingéré qui entraine la baisse de performances laitières. Cependant une étude de 1998 (De BRAGANCA, 1998) a comparé des truies à 30°C ad lib, 20°C ad lib et 20°C rationnées. Le résultat montre une meilleure croissance pour les portées des truies rationnées à 20°C que les portées des truies à 30°C, s’expliquant par une mobilisation des réserves de la truie que nous ne retrouvons pas en conditions de hautes températures. Les hautes températures ont bien un effet physiologique dégradant les performances en maternité.
Dans un objectif de performance optimale en maternité, quels sont les leviers offerts par la nutrition et la formulation.
Protéine basse ?
Une étude de l’INRA (Renaudeau 2001) a évalué l’intérêt de baisser le niveau de protéine de l’aliment allaitante (comparaison de 2 aliments avec niveau de protéine brute de 17,6% ou 14,2%, mais un ratio lys dig/EN). Il n’a pas été mis en évidence d’effet du niveau de protéine de l’aliment allaitante sur les performances.
Concentration énergétique de l’aliment ?
Cette stratégie semble apporter des résultats intéressants. Dans une étude de 2000, Nathalie Quiniou compare des régimes avec un niveau énergétique variable (9,7 MJ et 10,5 MJ) avec une température de 20°C ou 26°C. Nous retrouvons la baisse d’ingérée lié à la montée de température, mais l’énergie globale ingérée est supérieure avec le régime haute énergie permettant une croissance de la portée plus importante.
Il est conseillée d’augmenter la concentration énergétique par l’apport de matière grasse ayant une meilleure efficacité alimentaire, et limitant la production d’extra-chaleur liée à la digestion des glucides
Additifs ?
Bicarbonate : Nous avions noté comme effet de la température l’augmentation de la fréquence respiratoire. Cela a pour effet de modifier l’équilibre acido-basique du sang. L’apport de pouvoir tampon va favoriser le maintien de l’équilibre. Un ajout de bicarbonate (3 à 5kg/T) est conseillé.
Bétaïne : La bétaïne est une molécule jouant un rôle dans la synthèse protéique (donneur de groupe méthyl), mais aussi sur le maintien de la balance électrolytique. Plusieurs études ont mis en évidence un effet positif de la bétaïne sur les performances en maternité lors de fortes chaleurs. La bétaïne améliore l’utilisation énergétique et réduit l’extra-chaleur. Une supplémentation à 3kg/T de bétaïne améliore l’ingéré et limite la perte d’état des truies en maternité.
Anti-oxydants : Avec l’augmentation de la température et la fréquence respiratoire augmentée, la production de radicaux libres (oxydants) est aussi en hausse. Contre balancer avec des anti-oxydants permettra aussi de soutenir les truies sur cette période.
Conclusion :
La nutrition peut donc nous aider en phase de stress thermique avec un aliment concentré en énergie et éventuellement additionnée d’additifs (Bicarbonate, Bétaïne et Anti-oxydants).
Mais il ne faut pas non plus oublier les fondamentaux techniques :
• Accès à de l’eau fraiche à volonté
• Décaler les repas aux heures les moins chaudes
• Limiter les activités autour des animaux pour favoriser le calme
Si vous souhaitez plus d’informations, ou une aide pour concevoir vos formules été, le cabinet EPIDALIS est à votre disposition pour vous conseiller sur l’alimentation.