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Ventilation et toux en engraissement

L’objectif de la ventilation est d’apporter de l’oxygène en continu et en quantités suffisantes pour permettre le développement optimal des animaux. Une des conséquences directes est l’évacuation de gaz tels que le CO2, l’ammoniaque ou la vapeur d’eau.

En hiver, il faut également maintenir une température de confort pour les animaux.

En dessous, ceux-ci vont utiliser de l’énergie pour se réchauffer.

Confort thermique et renouvellement d’air en hiver ne sont pas incompatibles

Bien que la ventilation soit à l’origine de 80 % des pertes de chaleur du bâtiment, il est important de continuer à renouveler l’air pour éviter une dégradation de l’ambiance.

Le respect du débit minimum (= débit nécessaire à l’évacuation de la vapeur d’eau par temps froid pour les animaux les plus jeunes) pour chaque stade donné est indispensable. Il est déterminé par le dimensionnement du/des ventilateurs. Ces ventilateurs sont eux-mêmes choisis selon le débit maximum (= débit nécessaire à l’évacuation de la chaleur par temps chaud pour les animaux à stade physiologique le plus élevé). Le système de ventilation doit donc pouvoir disposer d’un système de freinage aux entrées et aux sorties d’air pour s’adapter à tous les stades physiologiques de la salle concernée.

Que se passe-t-il si je n’ai pas de système de freinage aux entrées et sorties d’air ?

La taille et le positionnement des entrées d’air conditionnent le bon déroulement de la boucle d’air dans la salle. Si cette entrée est mal positionnée, trop grande ou trop petite, il peut y avoir des retombées d’air froid sur les animaux. L’installation d’une trappe motorisée au niveau de la cheminée des ventilateurs permet un réglage très fin du débit d’extraction (en temps réel et non pas le matin et le soir comme avec des guillotines manuelles) et surtout de résister à l’effet Venturi*.

Consignes

Les consignes d’hiver sont toujours plus basses qu’en été. Cela permet d’éviter l’excès d’humidité dans la salle. L’humidité relative devrait se situer entre 50 et 75 %. Au-delà, impossible pour les porcs d’évacuer leur propre vapeur d’eau issue de la respiration. En deçà, il se crée une irritation des muqueuses nasales pouvant engendrer des éternuements.

Visuellement, un porc étant dans un environnement en thermo neutralité va s’allonger sur le côté, avec peu de contact avec ses congénères. Dès qu’il y a plus de 50 % de contact entre les porcs, on peut considérer qu’ils ont froid. A contrario, des porcs nous montrent qu’ils ont chaud lorsqu’ils sont allongés sur le côté sans contacts avec les autres porcs ou allongés sur le ventre, parfois dans la zone de déjections, avec une fréquence respiratoire élevée.

Porc couché sur le côté , avec peu de contact avec ses congénères.

Quant à la plage de ventilation, elle doit être adaptée au système de ventilation : par exemple un plafond diffuseur permet d’avoir une plage courte car il y a très peu de vitesses d’air au niveau des entrées d’air. La plage de ventilation permet de gérer la réactivité du boîtier de régulation.

Schéma expliquant le niveau de ventilation en fonction de la température de consigne et de la plage.

En hiver, il peut être nécessaire de préchauffer les salles avant l’arrivée des animaux et de chauffer au démarrage car ceux-ci ne produisent pas assez de chaleur par rapport aux déperditions thermiques liées à la ventilation. Cela permet d’éviter une sous ventilation donc d’apporter l’oxygène nécessaire au bien-être des animaux.

Quels gaz, quelle toxicité ?

Une sous-ventilation peut engendrer non seulement une hausse du taux d’humidité, mais également l’augmentation du taux de certains gaz dans l’air.

  • L’ammoniaque est le gaz le plus commun. Dans une salle bien ventilée, le taux d’ammoniaque devrait se situer en dessous de 5 ppm.

Un taux supérieur à 10 ppm peut se ressentir au niveau de la gorge, lorsque l’on rentre dans une salle.

Au-delà de 50 ppm, on constate une baisse des performances pouvant aller jusqu’à 10 % du GMQ si l’exposition est prolongée.

A ces taux, la capacité du porc à évacuer les pathogènes de son système respiratoire est grandement affectée, exposant l’animal à de la pathologie respiratoire : toux, augmentation de la fréquence respiratoire, irritation de la muqueuse respiratoire, augmentation des pneumonies, sont autant de signes qui doivent alerter. Des changements de comportements (nervosité, morsures de queues, d’oreilles, de flancs) font également partie des critères d’alerte.

  • La présence de dioxyde de carbone est normale. Cependant son taux ne doit pas excéder 2 000 ppm. C’est un excellent témoin de la sous-ventilation en bâtiment. Ce taux peut d’ailleurs être utilisé pour réguler la ventilation avec la température. Une concentration trop importante peut entraîner des difficultés respiratoires voire un état de somnolence.
  • Le monoxyde de carbone apparaît lorsque, par exemple, un chauffage ne fonctionne pas correctement (en maternité ou en PS). Sa toxicité est malheureusement connue chez l’homme.

Les symptômes sont similaires chez les porcs : somnolence, difficultés respiratoires, asphyxie. Le nombre de morts-nés augmente de manière significative : ceux-ci sont beaucoup plus sensibles au CO que les truies.

  • Des « poches » de dihydrogène sulfuré peuvent se dégager lors de brassage/mouvements de lisier. Ce gaz peut être mortel.

Il peut y avoir une faible concentration d’H2S dans l’air, en dessous de 50 ppm. On peut le détecter à l’odorat entre 0,5 et 200 ppm.

L’expression des symptômes croît avec la concentration dans l’air, allant de difficultés respiratoires au coma, voire la mort, en passant par des phases de désorientation, de convulsion.

  • Le méthane enfin, qui peut exploser au-delà de 1 000 ppm. Sa concentration ne présente pas de danger en soi. Sa capacité à exploser, si.

Dans tous les cas, dès la détection d’une concentration trop élevée en un de ces gaz, il est conseillé d’augmenter le niveau de la ventilation, voire de sortir immédiatement de la salle dans le cas de l’H2S.

L’ammoniaque reste le gaz auquel les porcs sont le plus fréquemment confrontés. Il crée une vulnérabilité au niveau des muqueuses respiratoires non négligeable et peut faire tousser.

La gestion de l’environnement des porcs est donc un facteur clé de la maîtrise de la pathologie respiratoire en élevage.

*L’effet Venturi : phénomène physique. Lorsqu’il y a du vent à l’extérieur, cela crée une pression négative au niveau de la cheminée d’extraction. Si le ventilateur tourne à moins de 50 % de ses capacités et/ou qu’il n’y a pas de système de freinage, la vitesse de rotation des pales va augmenter ce qui va entraîner une élévation du débit d’extraction, des à-coups, des vitesses d’air et de l’inconfort pour les animaux.