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L’infertilité saisonnière, comment l’anticiper et limiter son impact

L’arrivée des beaux jours peut faire craindre des baisses de performances de reproduction des truies. C’est pourquoi, il est important de faire le point sur ses pratiques et trouver des leviers techniques adaptés permettant de limiter l’impact de l’infertilité saisonnière.

Cette infertilité est causée par une augmentation importante des températures en été et un raccourcissement des jours à la fin de l’été. Les répercussions s’observent soit juste après le coup de chaleur soit à l’automne à cause des fortes chaleurs et du raccourcissement des jours précédents la mise à la reproduction.

Les problèmes principaux lors de l’augmentation des températures et du raccourcissement des journées sont :

Chaleur et stress thermiquePhotopériode et jours raccourcissant
Maternité- Allongement des mise-bas ; augmentation des mort-nés
- Mauvaise lactation
- Petite portée et/ou augmentation des momifiés (mortalité embryonnaire avec ou sans résorption plus tôt dans la gestation)
- Perturbation hormonale à cause de la perception des jours long et augmentation de l’intervalle sevrage-Œstrus lors du cycle suivant
Verraterie- Mauvaise expression des chaleurs
- Non venue en chaleur
- Retour décyclé (mort embryonnaire de toute la portée après IA)
- Non venue en chaleur
- Décyclage
Gestante- Avortement
Quarantaine- Perte d’appétit (prise de poids insuffisante)
- Retard puberté
- Retard puberté

Les animaux à risque sont les truies et cochettes en maternité, verraterie et quarantaine

  • Les truies à risques d’être infertiles suite à un coup de chaud sont celles qui y sont exposées durant l’intervalle [21 jours avant l’IA – 7 jours après IA] (Bloemhof et al., 2013).
  • Faire attention jusqu’à 30 jours après l’IA : le stress thermique peut engendrer des avortements et/ou des petites portées.

Maîtriser la conduite de la reproduction

Stimulation en vue de l’IA

Au moment du sevrage, il est important de stimuler la venue en chaleur en excitant les truies par un stress positif. Pour cela, en fonction des élevages on pourra avoir :

  • Une diète de 24h au sevrage
  • Un flushing : les 4 jours précédant l’IA, augmenter progressivement la quantité de la ration et ajouter des compléments oligo-vitaminiques qui stimulent et aident la croissance folliculaire tels que du sucre ou des acides gras (huile de poisson par exemple)
  • Une douche des truies : Particulièrement intéressante en période de forte chaleur, peut être associée à un nettoyant ou un traitement antiparasitaire externe
  • Une mise en groupe pour dynamiser les truies
  • Passage du verrat au sevrage : les phéromones de sa salive et ses grognements stimulent la venue en chaleur
  • Utilisation d’un spray contenant des phéromones de verrat lors de la détection pour stimuler encore plus et/ou parer à un verrat souffleur peu performant.

Concernant le verrat, il est conseillé d’avoir :

  • Deux verrats : Pour augmenter la surprise en changeant d’individu et parer à un imprévu (verrat blessé, vieillissant)
  • Des verrats à l’écart des truies pour éviter un phénomène d’accoutumance
  • Des verrats de détection performants et en bon état général : Un verrat en mauvais état d’embonpoint (gras ou maigre) ou en mauvaise santé (parasité, non vacciné, boiteux) risque d’avoir une moindre excrétion de phéromones, exercera une moindre stimulation des truies et est un vecteur possible de maladies.

Détection

  • Le critère clef pour établir le début des chaleurs est l’immobilisation au verrat. L’aspect de la vulve ou la position des oreilles même si elles font pressentir des chaleurs imminentes sont des critères plus inconstants.
  • Précoce : Le passage du verrat le lendemain du sevrage est un élément stimulant mais qui peut aussi servir à détecter des chaleurs précoces.
  • Deux détections par jours jusqu’à la fin des chaleurs
  • Entre 20 et 40 minutes : C’est la durée estimée comme optimale pour la détection d’une bande. Cela permet d’avoir un contact suffisant avec le verrat sans que les dernières truies ne se soient habituées à sa présence.
  • Passage à l’avant : Les phéromones du verrat sont contenues dans sa salive. Un contact groin à groin est donc préférable. Le mieux est de mettre en place un système de blocage afin que chaque truie puisse sentir et voir le verrat suffisamment pour s’immobiliser
  • En cas de chaleur douteuse, mettre la truie en liberté avec le verrat
  • Présence du verrat lors de l’IA : stimule les contractions utérines

Insémination

  • Doit tenir compte de la température : éviter une détection et une insémination durant les périodes de trop grande chaleur (période conseillée : début de matinée, fin d’après-midi)
  • Éviter les détections pendant ou après le repas car le comportement des truies est perturbé.
  • Protocole d’IA souple : qui s’adapte en fonction de l’âge des truies et du moment des chaleurs.

Les venues en chaleurs plus tardives sont davantage associées à une ovulation précoce et des chaleurs courtes tandis que des chaleurs précoces sont associées à des chaleurs longues et une ovulation tardive. En fonction du premier jour de détection et de la parité de la truie on pourra adapter ce protocole.

  • Si cochette ou si chaleurs tardives : Première insémination anticipée par rapport au protocole truie classique
  • Si chaleurs précoce : détection jusqu’à la fin des chaleurs et recours à une 3 si nécessaire.

Adapter le logement et sa conduite alimentaire

Pour limiter l’impact, un logement maîtrisé ou adapté est un outil clef :

  • Stratégie anti-chaud : Cooling, brumisateur, ventiler, arroser les truies, arroser le toit des bâtiments, mettre des protections aux fenêtres pour diminuer l’impact du soleil.
  • Anti-variation de lumière : mettre en place un programme lumineux (lumière artificielle) si possible automatique sinon manuel. Faire attention que la source lumineuse soit suffisamment puissante. La recommandation est de 10h de lumière par jours à minimum 80 Lux.
  • Eclairer les maternités (10h/j ; 80 lux) surtout en été : pour que les truies ne perçoivent pas le raccourcissement des jours et stimuler leur prise alimentaire

Adapter le poids des truies/cochettes en fonction du moment de leur mise-bas

  • Pour des mise-bas en période chaude on évitera les truies trop grasses qui seront plus sensibles aux problèmes de mise-bas, mauvaises venues en lait, à l’anorexie et mobiliseront trop leurs réserves graisseuses. Ces éléments étant à risque pour la mise à la reproduction suivante.
  • Eviter les cochettes grasses (perte d’état important en première lactation surtout avec stress thermique et syndrome de deuxième portée derrière)

Nettoyage et fumigation des silos/soupières, purge des conduite d’alimentation pour maîtriser le risque de mycotoxines.

Conclusion

En été, les passages viraux sont plus rares et l’origine de l’infertilité vient plus souvent d’un problème de conduite que d’un problème sanitaire. Cependant les causes infectieuses ne sont pas à exclure. En cas de chute des performances de reproduction, n’hésitez pas à faire un point avec votre vétérinaire pour vérifier qu’il n’y a pas une cause sanitaire et au besoins faire un point sur les pratiques autour de la reproduction.

 

BLOEMHOF S., VAN DER WAAIJ E.H., MERKS J.W.M., KNOL E.F. (2008) Sow line differences in heat stress tolerance expressed in reproductive performance traits. J. Anim. Sci. 86(12), 3330‑3337