L’objet de cet article n’est pas de vous vendre du rêve. Travailler en porcherie n’est pas facile tous les jours, c’est un fait.
Prendre conscience et tenir compte
du risque professionnel
Bien qu’historiquement, on considère que le travail d’éleveur doit être usant et que la fatigue physique est l’indicateur d’un travail bien fait ; il est aujourd’hui démontré que de bonnes conditions de travail sont primordiales.
Avant toute chose, il est indispensable au préalable de mener une réflexion sur votre vision du quotidien à long terme et d’identifier vos souhaits.
Quelques exemples fréquemment cités :
- Je veux plus de temps pour ma vie de famille.
- Je veux être plus efficace pour ne plus crouler sous la surcharge de travail.
- Je débute, j’aimerais préserver ma santé.
- Il faut me faciliter le travail physique (je prends de l’âge).
- J’en ai assez de me sentir dépassé par le travail administratif.
Un travail ciblé sur les méthodes et conditions de travail peut alors débuter.
Pénibilité au travail
La pénibilité au travail est définie dans le code du travail (D4161-1 et suivants) comme étant l’exposition à des facteurs de risques professionnels liés à des contraintes physiques marquées, un environnement physique agressif, à certains rythmes de travail susceptibles de laisser des traces durables, identifiables et irréversibles sur la santé.
En élevage porcin, les contraintes physiques marquées sont omniprésentes, port de charges, flexions/extensions répétées, lavages… L’environnement de travail est considéré comme agressif suite à l’exposition au bruit, à l’ammoniac, aux microparticules et à la manipulation de produits dangereux.
La cadence de travail est en générale soutenue.
Partant de ce constat, il est nécessaire de mettre en place des moyens de protection pour limiter l’impact sur votre santé.
Le bruit
On sous-estime régulièrement l’impact de l’exposition au bruit sur les capacités auditives.
Il faut réaliser que la perte d’audition est liée à la fois à l’intensité du bruit mais aussi à la durée d’exposition.
Exemples de temps d’exposition pouvant altérer l’audition :
- 2h d’épointage des dents à l’aide d’une meuleuse (>80db)
- 1h de lavage (>85 dB)
- Moins d’1 minute en présence d’un animal tenu au lasso (>120 db)
Ammoniac
L’ammoniac est omniprésent dans les porcheries.
Selon le stade physiologique et la qualité de la ventilation, le niveau d’exposition sera plus ou moins important.
L’ammoniac est insidieux par 3 aspects :
La capacité de perception varie fortement entre individus. Certains vont le détecter dès une concentration de 5ppm, là où d’autres auront besoin d’une concentration dix fois plus élevée.
Le phénomène d’habituation à l’ammoniac signifie que plus une personne est fréquemment exposée, moins son corps proteste. Ce phénomène est dangereux car vous pouvez avoir l’impression de bien tolérer l’ammoniac mais ce n’est qu’une illusion.
Troisième caractéristique néfaste, au niveau pulmonaire, la capacité de rétention de l’ammoniac diminue au cours du temps. En 30 minutes, la capacité de filtration initiale de 80 % chute à 30% ! Cela signifie qu’après une demi-heure en porcherie, 70 % de l’ammoniac inspiré sera absorbé.
Le port du masque devrait être systématisé pour préserver votre santé.
Ergonomie
L’ergonomie est l’adaptation d’un environnement de travail (outils, matériel, organisation…) aux besoins de l’utilisateur dans le but de maximiser le confort, la sécurité et l’efficacité.
Développer l’ergonomie en élevage permet de diminuer la pénibilité par la baisse de la fatigue, du stress, du risque d’accident et d’apparition des TMS (troubles musculo-squelettiques).
Exemple d’un couloir mal adapté, l’éleveur est obligé de se baisser à chaque portillon pour avancer dans son couloir.
Vaccinations
Les contraintes physiques peuvent être maquées lors des séances de vaccination.
Il existe plusieurs façons d’aborder la pénibilité liée à la vaccination.
Flexions-extensions répétées
Que ce soit lors des soins sous la mère ou lors des séances de vaccination, le dos de l’éleveur est très sollicité. Le fait d’avoir des animaux au niveau du sol et de les amener à hauteur de travail est une contrainte importante.
Pour limiter le nombre de mouvements, lors des soins sous la mère, il est possible de replacer les porcelets dans leur case via un « toboggan ».
Exemple d’un ingénieux système « fabrication maison » anti mal de dos (merci Pascal et Sylvie pour l’astuce).
Pour les porcelets au sevrage, possibilité de laisser monter les porcelets à hauteur au moyen d’un quai de vaccination.
Exemple de quai de vaccination « fabrication maison » (merci Jean-Christophe et Jonas pour l’accueil).
Extraction des cadavres
Tâche pénible psychologiquement et physiquement.
Nos conseils pour faciliter le travail, s’équiper de façon adéquate :
- Porcelet : brouette
- Charcutier jusque 80kg : traîneau maison
- Charcutier en finition ou reproducteur : chariot avec treuil
Tracter un porc charcutier sur du caillebotis béton est fastidieux. La conception d’un traîneau à cadavre permet de faciliter le glissement du cadavre (merci Pascal pour l’ingéniosité).
Traîneau fabriqué en recyclant un bidon de 200 litres.