Enthousiasmé par le succès et les retours chaleureux suite au premier Forum Alterbiotique de janvier 2019, le groupe espèce porc du Réseau Cristal a eu à cœur d’organiser une seconde édition. Le contexte actuel nous a obligé à nous réinventer en vous proposant un forum organisé sous la forme de deux après-midi de webinaires.
Votre équipe Epidalis était présente en force lors de cet évènement puisque Morgane, Cathy, Alexis et Dominique se sont prêtés au jeu. Retour sur les interventions.
Cette édition avait pour objectif de parler du bien-être en élevage au sens large du terme. Bien-être pour les animaux par la bonne maîtrise du sanitaire et de l’environnement mais également pour l’éleveur par l’adaptation des conditions et des méthodes de travail.
Cette après-midi consacrée aux truies commença par un voyage au sein du passionnant système digestif de la truie. Olivier Zemb (INRAE, Toulouse), a démystifié la notion de microbiote digestif. Il nous a convaincu que la connaissance et la maîtrise du microbiote de nos animaux offrent des perspectives de travail pour atteindre un confort digestif optimal.
Démarrer sa carrière reproductrice du bon pied ! Voilà l’objectif donné par Jeanne Dupuis (DMV Vet&Sphère) qui nous a guidé dans les étapes d’adaptation de la cochette dès son arrivée à l’élevage, insistant sur l’importance de la qualité des aplombs et la gestion des éventuelles boiteries.
Souvent délaissé dans les discussions réglementaires et les préoccupations sociétales, le bien-être de l’éleveur et des salariés d’élevage nous est apparu être un sujet incontournable. Optimiser l’organisation et la communication en élevage permet de travailler dans des conditions plus prévisibles, moins stressantes. Cathy Ardies (DMV EPIDALIS), a présenté plusieurs astuces permettant de mieux s’organiser et de mieux transmettre les informations lors du travail en équipe.
Pour clore cette après-midi, Dominique Marchand (DMV Epidalis), nous a fait le bilan de la méthode de sociabilisation précoce par mise en liberté des porcelets en maternité. Fort de près de 3 ans de pratique, l’analyse des résultats technico-économiques et les retours terrains nous poussent à penser que cette méthode maintenue dans de nombreux élevages, continuera à séduire les éleveurs soucieux d’améliorer le bien-être et les performances de leurs animaux tout en optimisant leur temps de travail.
Après avoir laissé la maternité derrière nous mardi dernier, le temps est venu de se préoccuper du bien-être des porcs charcutiers, depuis le post-sevrage jusqu’à l’abattage avec une étape astuces bien-être de l’éleveur.
A nouveau transportés par Olivier Zemb (INRAE, Toulouse), nous avons poursuivi notre aventure dans la jungle du tube digestif peuplé de Escherichia coli, Coprococcus, Megasphaera elsdenii, Saccharomyces cerevisiae et autres micro-organismes aux noms exotiques. Des perspectives de travail pour moduler le microbiote du porcelet via sa mère, via le transfert de microbiote ou par orientation de l’alimentation ouvrent la voie vers de nouvelles façons d’obtenir ou de maintenir l’équilibre digestif.
Autre pathogène bien connu du porcelet en post-sevrage : Streptococcus suis !
Morgane Remond (DMV Epidalis) nous a fait part de ses recherches sur la prévention des infections dues à Streptococcus suis au moyen des auto-vaccins. Tantôt un succès, tantôt une déception, Morgane nous a fait part des éléments pouvant expliquer ces différences de résultats entre élevages. L’approfondissement de ses recherches est cours, si cette problématique vous est familière et que vous souhaitez échanger sur le sujet, n’hésitez pas à la solliciter.
A nouveau, Cathy Ardies (DMV Epidalis) a décidé de recentrer le bien-être sur l’éleveur.
Pénibilité, intensité et complexité du métier d’éleveur de porcs ont été mis en avant. Certains aspects négatifs de ce métier exigeant peuvent être allégés en travaillant l’ergonomie au quotidien dans votre élevage. Partant du constat que les éleveurs sont mal informés sur les risques qu’ils prennent pour leur santé en travaillant en porcherie, un petit point sur les niveaux d’exposition autorisés au bruit, à l’ammoniac et aux micro-particules et les méthodes pour s’en protéger a été l’occasion de sensibiliser les éleveurs souvent peu à l’écoute de leur corps. Soucieuse de respecter le budget souvent serré de l’élevage, Cathy a partagé des trucs et astuces peu coûteux pour faciliter l’extraction des cadavres et diminuer les maux de dos lors des séances de soins en maternité ou de vaccination. Un retour précis sur ces trucs et astuces vous sera proposé lors de notre prochaine newsletter.
Pour terminer cette après-midi, Alexis Nalovic (DMV Epidalis) a partagé son enthousiasme dans le domaine de l’éthologie* et du bien-être animal pour aborder au mieux la problématique du cannibalisme en élevage.
Alexis a insisté sur l’origine multifactorielle de l’apparition du cannibalisme en élevage, rappelant le principe du « vase qui déborde ». Tel un seau que l’on remplit d’eau, les porcs acceptent et accumulent un grand nombre de stimuli négatifs favorisant le cannibalisme jusqu’à atteindre un maximum. Une fois ce niveau atteint, si les stimuli néfastes continuent à s’accumuler, la capacité d’adaptation et d’acceptation du porc étant arrivés à saturation, « le seau déborde ». Ce trop-plein ne pouvant être géré par l’animal, amènera au développement de comportements déviants comme le cannibalisme. Une des méthodes bien connues pour favoriser l’évacuation du stress et limiter le risque d’apparition du cannibalisme est l’enrichissement du milieu. Lors d’une future newsletter, Alexis fera un point sur les méthodes d’enrichissement du milieu à la fois en termes d’exigences réglementaires mais également en termes d’efficacité.
* science qui étudie les comportements des animaux