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Nettoyage-désinfection : quel(s) protocole(s) ? quel(s) désinfectant(s) ?

Le protocole de nettoyage-désinfection peut varier d’un élevage à l’autre et d’un secteur à l’autre au sein d’un même élevage.

Le trempage manuel est-il moins bien que s’il est automatisé ?

Doit-on mettre systématiquement un détergent ?

A quel moment le placer ?

Avant ou après le lavage ?

Est-ce que cela change la qualité du protocole ?

Mon désinfectant est-il aussi actif en été qu’en hiver ?

Est-ce que j’utilise les bonnes quantités ?

A la bonne concentration ?

Autant de questions auxquelles nous allons tenter de répondre dans cet article.

Protocole classique

Étape 1 : préparation de la salle

Objectif : faciliter le travail de nettoyage

Concrètement :

  • Sortir le petit matériel qui est mis à tremper dans une solution détergente puis lavage et désinfection,
  • Racler les souillures (déjections, aliment),
  • Dépoussiérer, enlever les toiles d’araignées,
  • Vider la pré fosse (mini 40 cm en présence des animaux et 70 cm lors du lavage).
Nettoyage d’un nourrisseur

Étape 2 : trempage

Objectif : mouiller / réhydrater les souillures pour faciliter le décapage, favoriser la pénétration du détergent, améliorer la désinfection par réactivation des germes : pour cela, il faut saturer la salle en hygrométrie.

Concrètement : commencer dans les heures qui suivent le départ des animaux, automatique (buses à tourniquet ou brumisateur, 5 min tous les ¼ d’heure) ou manuel (jet basse pression). La ventilation doit être au minimum pour garder l’humidité dans la salle.

Étape 3/4 : détergent

Objectif : faciliter le décapage, améliorer l’efficacité du nettoyage et limiter le développement du biofilm.

Concrètement : appliquer le détergent au canon à mousse, à la concentration recommandée par le fabricant, laisser poser 30 à 40 min. Rincer.

Étape 4/3 : décapage

Objectif : éliminer la matière organique et 80 % des germes.

Concrètement : pompe à haute pression (120 bars, 20 l/min) + rota buse, du haut vers le bas et du fond vers l’entrée.

Décapage : du haut vers le bas,
du fond vers l’entrée.

Ou laissez cette tâche à un robot de lavage !

Étape 5 : désinfection

Objectif : éliminer / détruire les germes restant après le nettoyage.

Concrètement : sur des surfaces ressuyées mais non sèches appliquer le désinfectant au canon à mousse à la concentration recommandée. Le désinfectant doit être fongicide, bactéricide et virucide.

Il est possible de rentrer le petit matériel à ce moment là pour qu’il bénéficie également de la désinfection.

Étape 6 : séchage-vide sanitaire

Objectif : apporter du confort aux animaux dès leur entrée et optimiser la désinfection.

Concrètement : utilisation d’un chauffage dès la désinfection. Vide sanitaire de 2 à 5 jours. Un vide sanitaire plus long peut nécessiter une désinfection supplémentaire avant l’arrivée des animaux.

Optimisation

Trempage automatique vs manuel : gain de temps et plus efficace lorsque réalisé en automatique.

Détergent avant lavage : facilite le nettoyage mais pas d’effet sur la désinfection.

Détergent après lavage : améliore la qualité du lavage et de la désinfection.

Décapage : plusieurs robots de lavage sont actuellement présents sur le marché français et peuvent vous soulager de cette tâche.

L’idéal : trempage puis lavage grossier puis pose du détergent puis décapage puis désinfection.

Désinfection en mousse ou en pulvérisation : la désinfection en mousse facilite l’opération pour l’utilisateur et optimise l’effet du détergent.

Seconde désinfection : dans les élevages à haut statut sanitaire, contribue à réduire la pression pathogène. Nécessite d’alterner les molécules désinfectantes.

Vidange, lavage et désinfection des pré fosses : élimine une potentielle réserve de pathogènes.

Séchage des salles : améliore la désinfection – les bactéries ne se développent pas ou peu en conditions sèches.

 

Focus

Le biofilm = formation microbienne s’accumulant sur une surface lisse grâce à une matrice constituée d’eau et de polymères organiques.

Lutte : bon trempage, application d’un détergent, désinfection sur murs ressuyés.

Protection de l’opérateur : combinaison imperméable, casque anti-bruit, bottes, lunettes de protection, gants, masque à cartouche.

Calcul de la quantité de désinfectant à utiliser : surface à traiter ~ 3 x la surface au sol soit pour une salle de 100 m² au sol, cela fait 300 m² à désinfecter. A raison de 0,3 l/m², il faudra donc 90 litres d’eau. Pour un désinfectant qui s’utilise à 1,5 % par exemple, il faudra 1,35 litres de désinfectant.

Classes de désinfectants : il existe 7 types de molécules désinfectantes (cf. tableau), ils ont tous une activité « température dépendante », c’est-à-dire qu’en dessous d’une température d’eau, de salle ou de surface traitée, il faudra augmenter la concentration de désinfectant ou chauffer la salle pour avoir une efficacité.

Toujours utiliser des produits à triple homologation « fongicide, bactéricide et virucide ».

Contrôle du nettoyage-désinfection : 2 méthodes.

  • Contrôle visuel ou avec du papier blanc : frotter une surface donnée avec du papier essuie-tout légèrement humide et mettre une note selon l’aspect / la couleur que prend le papier (cf. images ci-dessous).
Persistance de matière organique : à éviter
Contrôle au papier blanc : le papier doit être propre après avoir frotté une surface donnée (source Ifip).
  • Contrôle bactériologique avec boîtes de contact ou écouvillons.

Le protocole de nettoyage-désinfection est un point important de biosécurité interne. N’hésitez pas à vous rapprocher de votre vétérinaire pour en discuter, faire un audit du protocole ou encore contrôler la qualité de la désinfection.

Les matières actives Exemples de produits Avantages Inconvénients
Dérivés phénoliquesProphyl/CrésolPeu sensibles aux matières organiques
Efficace à basse température
Actif en eau dure
Très toxique
Peu biodégradable
Ammonium quaternaireLa plupart des désinfectants (TH5, Virocid, Vulkan, Aseptol D300...)Peu toxique
Bonne biodégradabilité
Sensible à la température de l'eau.
Sensible à la dureté de l'eau.
Baisse de l'efficacité si matière organique.
AldéhydeFormolSensible à la présence de matière organique
Sensible à la température (<20° C)
Très toxique
Cancérigène
Aldéhyde
Glutaraldéhyde
La plupart des désinfectants (TH5, Virocid, Vulkan, Aseptol D300...)Dépendant de la température < 20° C.
Sensible à la présence de matière organique.
Toxique.
Acide Péracétique liquideKickStartEfficace à basse température
Biodégradable
Non cancérigène
Sensibles aux matières organiques.
Corrosif
Monopersulfate
Acide Sulfamique
Acide Malique/Triclosene
VirkonActifs même si matières organiques
Efficace à basse température
Non toxique
Biodégradable
Oxydation
Acide Péracétique poudreSpetrivetActifs même si matières organiques.
Non corrosif
Non toxique
Biodégradable
Efficace à basse température