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La face cachée de la désinfection de l’eau de boisson

Le choix de la désinfection de l’eau n’est pas chose aisée. Il doit se baser en premier lieu sur une analyse physico-chimique complète de l’eau (pH, dureté, fer, manganèse, matière organique).

Toute méthode de désinfection présente des avantages et des inconvénients. Il est donc important de faire son choix en toute connaissance de cause.

Nous aborderons ici 3 méthodes de désinfection : la chloration par réalisation d’une solution mère, l’utilisation de peroxydes et la mise en place d’une électrolyse de l’eau. Ces méthodes sont rencontrées régulièrement en élevage et présentent des inconvénients parfois méconnus.

 

La chloration (sous la forme d’hypochlorite de sodium) :

La chloration, par réalisation d’une solution mère dans un bac mélangeur, reste certainement la technique de désinfection la plus répandue en élevage. Si elle est simple d’utilisation et peu onéreuse, son application doit toutefois répondre à quelques contraintes.

Premièrement, les caractéristiques physico-chimiques de l’eau doivent se situer dans une certaine norme :

  • le pH doit être strictement inférieur à 7,5. En effet, le chlore n’est actif que dans des eaux acides. Si cela n’est pas votre cas, il est toujours possible d’ acidifier l’eau en amont de la désinfection
  • l’eau ne doit pas contenir de fer, manganèse ou de matières organiques : ces composés diminuent l’activité du chlore. La réaction souvent observée en élevage est alors d’augmenter la dose de chlore. Cela est une fausse bonne idée, puisque le chlore fera précipiter fer et manganèse et encrassera donc encore plus les canalisations.

Contrairement aux autres désinfectants efficaces immédiatement, un temps de contact d’environ 20 minutes est nécessaire à l’efficacité de la chloration. Il faut donc généralement être équipé d’un bac tampon.

Pour finir, l’hypochlorite de sodium n’est pas stable et se périme rapidement. Il est donc conseillé de ne pas stocker plus que de besoin et de réaliser les solutions de désinfectant pour 2 à 3 semaines maximum.

 

Les peroxydes :

Les conditions d’application des peroxydes sont moins restrictives (cela est possible quel que soit le pH et en présence de fer et manganèse). Leur utilisation est plus coûteuse et nécessite la mise en place d’une pompe spécifique qui dégaze et supporte les acides.

Ils sont intéressants car ils permettent d’acidifier plus ou moins l’eau selon le type de peroxyde choisi. En revanche, ils interagissent avec certains produits qui pourraient être administrés par l’eau de boisson. C’est le cas par exemple de l’amoxicilline et de la tylosine qui sont dégradés en leur présence. Dans ce cas, l’ajout de bisulfite de sodium (265 mg/l d’eau) dans votre solution mère permettra de neutraliser les peroxydes.

De plus, les peroxydes s’attaquent au biofilm présent dans les canalisations, qui en se détachant peut boucher les pipettes des abreuvoirs. L’action du peroxyde utilisé à dose d’entretien ne permet que la remise en suspension d’une partie du biofilm et ne vaut pas un décapage. Si un décapage est souhaité, il devra être réalisé à forte dose de peroxyde et lors d’un vide sanitaire.

 

L’électrolyse :

Comme les peroxydes, l’électrolyse est applicable dans de nombreuses situations mais sa mise en place est coûteuse au vu du matériel spécifique à installer.

L’électrolyse confère à l’eau un fort pouvoir oxydant : c’est cette propriété qui désinfecte l’eau, mais ce point est à surveiller de près car l’eau peut alors devenir très (voir trop oxydante). La mesure à réaliser est alors celle du « potentiel redox » (ou potentiel d’oxydo-réduction). L’eau ne doit pas avoir un potentiel rédox > 750 mV ce qui serait trop oxydant.

De part son fort potentiel oxydant, l’électrolyse interagit avec de nombreux produits. Les essais avec divers antibiotiques ont montré que l’ensemble des molécules testées avaient été dégradées par l’électrolyse. Il est donc conseillé de neutraliser l’électrolyse en cas de traitement, ce qui est faisable avec l’ajout de thiosulfate de sodium (25 mg/l d’eau) dans votre solution mère.

 

Et concernant votre habitation ?

Classiquement, lorsque la maison n’est pas reliée au réseau, la désinfection de l’eau est identique à celle de l’élevage. Il est alors primordial de vérifier que votre désinfectant est homologué pour l’eau de boisson humaine. Si c’est en général le cas avec le chlore, il est préférable de vérifier les homologations pour les autres types de désinfectants et de rester prudents.

 

En conclusion :

Chaque solution de désinfection de l’eau présente ses avantages et ses inconvénients. Il est important de faire votre choix après une analyse physico-chimique complète et de vous renseigner auprès de votre vétérinaire.